Légion de Police générale

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Formation :

 La Terreur était terminée depuis la chute de l’incorruptible, la traque, l’exécution ou l’exil de certains de ses partisans… et pourtant la tête était au bout d’une pique et Boissy d’Anglas, le président de séance de la Convention dût la saluer.

 En ces journées de Prairial, les 20 et 21 mai 1795, le peuple des faubourgs de Paris avait envahi une nouvelle fois l’Assemblée, poussé par la misère, liée aux dévaluations monétaires de l’assignat et à une politique économique désastreuse. Dehors l’émeute grondait et réclamait du pain. Du pain et la Constitution de 1793, que les députés survivants du rêve jacobin sanglant aimeraient bien oublier, se faire oublier et se revêtir de respectabilité, eux qui avaient été souvent les complices de Robespierre et ne l’avaient abattu en thermidor que pour échapper à la guillotine qu’il leur promettait.

 Le rêve de beaucoup de ces députés fut désormais de maintenir une voie politique médiane entre les bonnets rouges, les jacobins radicaux et les talons rouges, partisans d’un retour à la Royauté. Exercice difficile, il fallut se servir des uns pour abattre les autres. Un roulement de tambour au dehors, les sections bourgeoises de la Garde Nationale vinrent dégager l’Assemblée, des députés jacobins furent arrêtés. Alors que Paris était encore aux mains des insurgés, ils rallièrent en catastrophe des régiments sûrs de l’Armée pour encercler la capitale et mâter les faubourgs.

 La Convention eut très peur, et l’épuration commença. La Garde nationale fut purgée de ses éléments populaires, mais ce faisant l’Assemblée joua le jeu des royalistes. Les rangs de l’Assemblée furent épurés à leur tour, des députés furent proscrits, d’autres déportés, enfin il y eut encore quelques exécutions. La Convention s’était aperçue qu’il lui manquait cruellement de forces loyales pour sa défense, alors que la Constitution interdisait aux troupes de l’armée de se trouver dans Paris et ses alentours. La troupe pouvait de toute façon se souvenir qu’elle était issue du Peuple et qu’elle avait elle aussi faim. C’était le cas des gendarmes de la 29ème division qui fut éloignée de la capitale.

 L’Assemblée ne put compter sur le moment que sur les sections d’élites de la Garde nationale parisienne, noyautée par ailleurs par les royalistes, d’accord sur le moment pour réprimer les jacobins et la populace exécrée. Mais la Convention craignit d’être débordée sur sa droite. Elle eut raison. Car la fin de la Convention approchait et de nouvelles élections étaient annoncées. L’abstention, déjà, fut phénoménale, et les royalistes furent privés d’une victoire électorale qu’ils pensaient salutaire. Ils décidèrent de porter un coup à la République en organisant à Paris une insurrection avec l’appui des gardes nationaux des sections parisiennes fidèles à la cause royaliste.

 Le 12 vendémiaire (4 octobre 1795), devait être le jour de cette insurrection. Deux jours auparavant, un décret du 10 vendémiaire organisait la légion de Police Générale, chaque bataillon devant compter huit compagnies, mais avec un sous-lieutenant et quatre caporaux de plus que dans les rangs de l’infanterie. La cavalerie de cette légion forma un seul régiment de dragons organisé comme dans la ligne, à la seule différence que trois adjudants-majors furent attachés à chacun des deux escadrons du régiment et qu’il y eut 16 brigadiers par compagnie en plus du brigadier-fourrier. Les dragons portaient également un chapeau au lieu du casque.

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Transmis par Jérôme Croyet

 

Historique :

 La Convention courant un grave danger, les troupes qui pouvaient la défendre étaient en infériorité numérique, grenadiers de la Convention et légion de la Police Général n’étaient qu’une poignée face aux milliers d’insurgés. Mais des troupes se massèrent au camp des Sablons et dans la précipitation, les sans-culottes furent mêmes armées dans les faubourgs. Le général Menou, ci-devant aristocrate qui était chargé de s’opposer à l’insurrection fut démis de son poste pour sa passivité suspecte. Barras, déjà le bras armé des conventionnels face aux partisans des Robespierre, fut à nouveau nommé commandant des opérations, avec le titre de chef de l’armée de l’Intérieur. Il fut fait également général de division et s’adjoint un général sans emploi, habile artilleur qu’il connaissait bien : Bonaparte. Nous connaissons la suite de l’histoire, elle était marche pourrait-on dire ! La révolte fut écrasée par les canons ramenés par Murat à Paris et les insurgés furent dispersés après une vive canonnade.

 A la suite du 13 vendémiaire, la Garde nationale parisienne fut en grande partie licenciée. Bonaparte fut fait général en second de cette armée de l’Intérieur puis général en chef. Il s’occupa d’épurer également les rangs de la légion de Police Générale. Il fut rapidement fait général de l’armée d’Italie. La grande aventure commença !

Document communiqué par Jérôme Croyet du 7 brumaire An 4, Extrait du registre des arrêtés du Comité de Salut Public de la Convention nationale.

« Le Comité de Salut Public en vertu des pouvoirs à lui attribués par le décret de la Convention Nationale du 3 de ce mois, arrête que les Citoyens ci-après nommés sont promus aux grades de la Légion de Police Générale dont la désignation suit, savoir :

 

Denoyer, chef de brigade de la 1ère division de gendarmerie, nommé,

 

Malot, chef d’escadron du 13ème régiment de chasseurs à cheval, nommé,

 

Pourchet, chef d’escadron du 10ème bataillon de la Formation d’Orléans, nommé aide de camp,

 

Merlin, chef d’Escadron du 7ème régiment de dragons, nommé,

 

Galet, adjudant-major du 29ème bataillon de gendarmerie, nommé

 

Hacot, adjudant-major de la 1ère division de gendarmerie,  nommé et proposé,

 

Oger, adjudant-major de la 1ère division de gendarmerie, nommé.

 

Les membres du Comité de Salut Public, signé Merlin, Letourneur, Gourdan, Bertier, Louvet, pour expédition délivrée le 8 brumaire an 4ème, signé Cambacérès, président et Echasseriaux, secrétaire pour copie conforme le ministre de la Guerre ».

Mais le 25 avril, les deux conseils autorisèrent le Directoire à employer la légion de Police générale aux armées. L’ordre de départ provoqua une révolte. Pour la mâter le Directoire, par des arrêtés des 29 et 30 avril 1796, la licencia dans son ensemble. La 1ère demi-brigade la plus coupable, fut dirigée sur Metz et y fut licenciée le 20 juin. Les soldats furent répartis dans les troupes de l’armée du Rhin. Dans la 2ème demi-brigade, le 5ème  bataillon déjà en marche pour l’armée des Alpes fut arrêté à Lyon et y fut provisoirement maintenu. Le 4ème bataillon fut envoyé à Saint-Quentin et entra dans la formation de la 41ème demi-brigade de ligne. Enfin le 6ème bataillon fut envoyé à Choisy et fut incorporé dans la 109ème demi-brigade de ligne[1].

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Officiers et Légionnaires ayant servis dans la Légion :

 Germain Augé, originaire de Montgeron dans le département de Seine-et-Oise, s’enrôla à 27 ans dans le 6ème bataillon de Paris (7 septembre 1792), élu caporal puis sergent provisoire (28 juin 1794), redevenu caporal à la 179ème demi-brigade de bataille, puis passé à la légion de Police générale en 1795.

Pierre Bonnard, originaire de Paris, soldat dans les troupes provinciales de la généralité de Paris entre 1779 et 1785, s’enrôla à 35 ans, au 8e bataillon de Paris, caporal (21 septembre 1792), sergent (16 novembre), passé en 1794 à la 131e demi-brigade de bataille, puis dans la légion de police, placé aux vétérans (1796), pensionné (1806), admis aux Invalides en 1814.

 

Louis Denan, originaire de Paris, enrôlé à 27 ans dans le 6ème bataillon de Paris, élu fourrier (9 septembre 1792), sergent (12 juin 1793), sergent-major (8 octobre), détaché auprès du Commissaire ordonnateur des guerres Lebarbier, lieutenant quartier-maître de la légion de police (1795), mis à la suite de la 26ème demi-brigade de ligne (1798), mis en pied dans la 28ème demi-brigade de ligne (1799), réformé en 1800.

 

Jean-Joseph Destrumel, originaire de Paris, enrôlé à 27 ans dans le 5ème bataillon de Paris (5 septembre 1792), sergent-major à la 2ème demi-brigade de bataille, puis dans la légion de police générale (1795).

Charles-François Gauthier, originaire de Grumesnil dans la Seine-Inférieure, enrôlé à 26 ans dans le 5ème bataillon de Paris (5 septembre 1792), sergent-major (8 septembre), passé à la 2ème demi-brigade de bataille, puis à la légion de police général (1795).

 

Nicolas Gauthier, originaire de Ricey-Bas dans l’Aube, soldat dans la Garde nationale Parisienne soldée (1790), âgé de 23 ans lors de son engagement dans le 3ème bataillon de Paris (1er janvier 1792), caporal (6 mars), il passa dans les canonniers du corps des grenadiers de la Représentation nationale (4 mai 1793), sergent-major dans la légion de police (1795), sous-lieutenant à la 41ème demi-brigade en 1800, lieutenant au 17ème régiment de ligne (1805), capitaine (1806), chevalier de la Légion d’Honneur (1807), blessé à Wagram (6 juillet), il mourut de ses blessures à Vienne, le 17.

Alexandre-Pierre Gery, originaire de Paris, architecte, volontaire dans la Garde nationale parisienne (1789), sergent de chasseurs dans la garde (1790). Volontaire au 7e bataillon de Paris, dit du Théâtre-Français (8 septembre 1792). Sergent-major de grenadiers (18 octobre), partit du bataillon (5 décembre). Rentré dans la Garde nationale parisienne, adjudant au 16e bataillon de réquisition de Paris (1793), incorporé au 1er bataillon du Morbihan, sous-lieutenant à la 61e demi-brigade de ligne (1794). Passa à la légion générale de police (1795), lieutenant (1796), lieutenant de gendarmerie à Châteaudun (1798). Passa à la légion d’élite de gendarmerie (1801), chevalier de la Légion d’Honneur (1804), capitaine à la compagnie des Côtes-du-Nord (1805), chef d’escadron à Vannes (1808), passé à la gendarmerie d’Espagne (1810), colonel de cavalerie et chef d’Etat-major du dépôt général des remontes (1813). Commandant d’une colonne mobile de gendarmerie à l’armée de la Loire (juin 1815). Mis en non-activité (septembre), chevalier de Saint-Louis (1820), retraité (1824), il mourut le 4 février 1837.

Nicolas Guilmain, originaire de Puteaux, enrôlé à 24 ans dans le 4ème bataillon de Paris, nommé tambour-major (7 septembre 1792). Il passa à la légion de police en 1795.

Frédéric-Alexandre Laurain, originaire de Dormans dans la Marne, enrôlé à 21 ans dans le 4ème bataillon de Paris (3 septembre 1792), caporal (8 octobre), capitaine au 5ème bataillon de réquisition du Panthéon Français (1793), sous-lieutenant au 4ème bataillon des Vosges (1794), lieutenant dans la légion de police générale (1795), aide de camp (1797), capitaine (1799), adjoint aux Etats-majors (1800), chevalier de la Légion d’Honneur (1804), chef de bataillon (1806), placé au 24ème léger (1807), officier de la Légion d’Honneur (1810), major du 121ème régiment d’infanterie (1811), colonel du 59ème régiment de ligne et commandant de la Légion d’Honneur (1813), chevalier de Saint-Louis (1814). Blessé à Heilsberg, à Essling, à Lützen, à Leipzig, à Fleurus et à Wavre, en demi-solde (1815), retraité en 1822.

Silvain Léonet, originaire des Forges, Creuse, enrôlé à Paris, à 27 ans dans les volontaires (1er août 1792), versé au 9e bis bataillon de Paris (23 septembre), caporal (1er novembre), sergent (12 février 1793), passé à la 181e demi-brigade de bataille (1794), sergent-major, sergent de la légion générale de police (1795), sous-lieutenant (1797), passé à la 104e demi-brigade de ligne, puis réformé (1799), en retraite en 1800.

Jean-Baptiste-Gabriel Baron Merlin, frère du général Antoine-François et du conventionnel Merlin dit de Thionville. Né à Thionville en Moselle le 17 avril 1768. Soldat au régiment ci-devant Royal-Cravates (devenu 10ème de Cavalerie) (1787), sous-lieutenant au 7ème régiment de dragons (mars 1792), il servit à l’armée des Ardennes de 1792 à 1794. Le régiment mit en déroute près de Beaumont, le corps des émigrés dit de Bion (21 avril 1794). Il servit ensuite à l’armée de Sambre-et-Meuse, capitaine (juillet), il se trouva à l’armée du Rhin et passa chef d’escadron (juin 1795) dans la légion de Police devenue par la suite 21ème régiment de dragons. Il passa dans la Garde du Directoire (juillet 1797), puis il fut nommé chef de brigade du 8ème régiment de cavalerie (20 novembre 1799). Il servit à l’armée du Rhin, se distingua au passage du Danube (19 juin 1800), et resta ensuite en garnison à Toul de 1801 à 1805. Commandant de la Légion d’Honneur (juin 1804), il servit à la division Pully, armée d’Italie (septembre 1805), brigade Fouler, division Espagne (septembre 1806). Passa à la Grande Armée, il servit en Prusse et en Pologne de 1806 à 1807, obtint une rente de 4 000 francs. Servit à la division Espagne, armée d’Allemagne (octobre 1808), fait baron de l’Empire (janvier 1809). Il fut blessé à Essling par un éclat d’obus à la cuisse (21 mai). Servit ensuite dans la brigade Bordessoulle, division Arrighi, avant d’être nommé général de brigade (5 juin 1809). Commandant le département de l’Yonne, puis celui de l’Orne entre 1810 et 1815, il fut fait chevalier de Saint-Louis (octobre 1814), puis mis en non-activité (juillet 1815). Lieutenant-général, il commanda la place de Strasbourg (novembre 1818). Mis en retraite (1821), il fut relevé de celle-ci (mars 1831) et placé à la réserve de l’Etat-major, puis replacé en retraite (mai 1832). Il mourut à Versailles, le 27 janvier 1842, la même année que son frère Antoine.

 

Jérôme Micas, né à Saint-Girons dans l’Ariège le 19 juin 1755, fils de Roch et d’Anne River. Entra au service des douanes aux entrées de Paris et dans l’ambulance (5 juillet 1783). Passa à Bordeaux en qualité de garde sur le port (1er février 1789). Entra dans la Garde nationale de Bordeaux (juillet 1789). A la suite de la suppression du corps des douanes (15 avril 1791), il fut licencié. Il fut nommé porte-drapeau, puis capitaine. Il passa capitaine de grenadiers dans le 9ème bataillon de la Gironde (15 novembre 1792). Il fit la campagne de Vendée. Passa avec son grade dans la légion de Police à Paris (29 fructidor An 3). capitaine-adjoint à l’armée de l’Intérieur de Paris (22 prairial An 4), puis auprès du Ministère de la Guerre (13 vendémiaire An 5). Capitaine de gendarmerie, dans le département de la Haute-Garonne (13 ventôse An 6). Réformé (20 brumaire An 10), mais réintégré dans son grade au mois de nivôse même année. Finalement réintégré comme lieutenant de gendarmerie dans le département de l’Hérault (15 prairial An 10). Passa lieutenant au 7ème escadron de l’armée d’Espagne (28 décembre 1809). Rentra en France et passa lieutenant dans la compagnie du Vaucluse en résidence d’Apt, (4 octobre 1812). Il n’obtiendra le grade de capitaine que par une décision royale du 27 mars 1816, et à titre honorifique.

Il écrivit cette lettre à L’Empereur :

« Victime de la malhonnêteté de quelques ennemis que son amour pour le bien public lui a formé, victime d’une belle jalousie, Jérôme Micas officier de gendarmerie en résidence à ? prend la liberté de déposer aux pieds de sa majesté ses justes réclamations de lui procurer l’état de ses services et de lui demander justice. En 1790, il sauva la vie à Monsieur Guérin, major-général des campagnes de Bordeaux, contre lequel deux ou trois mille hommes s’étoient révoltés et vouloient le pendre à la hauteur. En 1791, il ramena à l’ordre 7 à 800 hommes de la commune de la ? District de Bordeaux qui vouloient pendre le vicaire de la paroisse. En 1793, il s’empara de par les armes de la ville de Saint-Jean de Mont dans la Vendée en mettant en déroute 1 800 à 2 000 insurgés. Dans la même année il se battit au milieu de 20 cavaliers ennemis, il en tua un en blessa un autre, il s’empara de deux chevaux à l’ennemi que des jaloux firent vendre à leur profit après l’avoir fait incarcéré ; après cinq mois de prison, il subit un premier jugement qui l’acquittoit, un second qui le destitua de la place de Capitaine, mais la justice triomphant, ce dernier jugement fut cassé par un décret de la Convention Nationale et ses ennemis furent mis en accusation. Dans une foule d’occasions, il a grandement coopéré à sauver Paris et à plusieurs reprises fais prévenir des troubles naisssants. En Germinal An 3, sa conduite lui mérita la mission délicate et épineuse de conduire Barrère, Collot et Billaud à l’île d’Oléron, en passant par Orléans, il fit face par sa bravoure à 7 ou 8 000 hommes qui vouloient égorger les représentants et par sa prudence il ramena le calme et la paix. En prairial An 3, il chasse les insurgés du Faubourg Saint-Antoine de la salle de la Convention dont ils s’étoient emparés et les fit désarmer. A la même époque, il sauva la vie aux représentants Sevestre et Legendre, ainsi qu’au Général Fox qui commandait Paris. Le 9 Floréal ainsi il ramena à l’ordre La Légion de Police qui s’étoit révoltée et par les mesures qu’il prit il la fit désarmer et conduite à l’Ecole Militaire. En l’An 7, il fit finir l’insurrection du département de la Haute-Garonne et parvînt à empêcher le pillage et le carnage. Le 25 brumaire An 7, il sauva la vie aux Chasseurs du 14ème régiment à Cheval qui étoient en détachement dans la Commune de Baumont département de la Haute-Garonne que la populace vouloit égorger. En l’An 8, il sauva le parc d’artillerie dont les ennemis du Gouvernement vouloient s’emparer au moyen d’une fausse patrouille. Pendant son séjour à Toulouse, il exerça une surveillance si active, qu’il parvînt à purger les routes des voleurs, au point que celles du département de la Haute-Garonne en étoient les moins infestées et les plus sûres. Capitaine depuis l’année 1792, l’exposant devoit avoir l’espoir d’être conservé dans la place de Capitaine de Gendarmerie à Toulouse, qu’il occupait depuis l’An 6, sa bravoure, sa bonne conduite, les actions d’éclats qu’il a fait, tout devoit le rassurer, mais cela même lui avoit attirer les méchants pour ennemis, les jaloux, ses ? à ceux, ils agirent de par leurs faux rapports et parvinrent en l’an 10 à le faire réformer. S’il éprouva ce désagrément, il eut la douce consolation de voir que ses services n’étoient pas oubliés, les représentants du département de la Haute-Garonne, le général divisionnaire, le préfet, la mairie, le procureur-général de la cour criminelle, toutes les autorités civiles et militaires, les commerçants et tout ce qu’il y a à Toulouse de gens probes et éclairés, se levèrent pour l’appuyer, ils éclairèrent le gouvernement qui avoit été trompé, ainsi que les braves qui l’entourent, il réclamèrent justice pour l’exposant qui ne pût obtenir avec la promesse de justice qu’une lieutenance, les places supérieures étant prises, tous les faits que l’exposant a cité d’une foule d’autres qu’il aurait été trop long de retracer sont justifiés par les certificats dont il a joint des copies au présent mémoires. La justice qui lui a été promise, il l’attend de cette équité, de cet amour, pour vos sujets, de cette bienfaisance de cette bonté paternelle qui caractérisent votre Majesté, Sire, j’ose espérer qu’instruit de sa conduite depuis la Révolution qui fait la preuve de celle sans reproches qu’il a tenu avant, vous le réintégrerais dans la place de capitaine que vous voudrez bien récompenser ses services en l’honorant d’une place dans la Légion d’Honneur, je vous supplie d’agréer l’assurance des vœux les plus sincères qu’il ne cesse de faire pour la prospérité de l’Empire, de la longueur de son règne et du profond respect avec lequel il a l’honneur de se dire de votre majesté. J. Micas »[2].

Il fournit les certificats en question dont la pièce numéro 3 à propos de l’affaire de Saint-Jean du Mont en Vendée :

« Je soussigné certifie que le citoyen Micas Capitaine de Grenadier du 9ème bataillon de la Gironde que le 21 mai 1793, je suis parti de Saint-Gilles sur Vie, district de Chalonnes en Vendée pour chasser les brigands de Saint-Jean de Mont, ayant avec moi des officiers de la garnison pour faire le service de la Cavalerie, ce qui eut lieu, arrivé à la distance de Saint-Jean du Mont d’un quart de lieue, je fis faire halte à mon détachement composé de trente et un garde nationaux et vingt-quatre cavaliers à qui j’ai donné l’ordre qui seroit que je forcerois les brigands au pas de charge et que le Capitaine Minas m’accompagnerait, que la cavalerie se rendroit par des chemins couverts et entourerait Saint-Jean du Mont, et qu’ils ne laisseroient sortir personne autant que se faire pourroit, je continuais ma route, arrivé je me mis à la tête de mon infanterie ayant à ma gauche le dit Minas qu’en forçant l’ennemi au pas de charge, se sauva dans les marais à la faveur de longs batons ce qui nous a empêché de les poursuivre, ledit Minas s’emportant à son courage, poursuivit les brigands, et tira à coups de pistolet dessus les brigands qui ne firent aucune résistance comme on cherchoit à ma connoissance de le perdre, un officier du dit bataillon dit aux dits chefs qu’il avoit tiré sur des pigeons ce qui est très faux, ne m’ayant pas quitté que pour se porter sur l’ennemi de la République, de rentrer comme l’ordre avoit été donné, ce que je certifie sincère et véritable pour lui servirà valoir ce que de raison, à Challans, ce 5 juin 1793, le commandant du 8ème bataillon de la Légion de la Rochelle, signé Meteyer »[3].

La pièce numéro 5 évoque son service dans la Garde nationale de Paris, où il sert comme capitaine dans la 1ère compagnie de la section armée des Tuileries :

« Le citoyen Jérôme Micas s’est fait inscrire sur le contrôle de la dite compagnie le 16 thermidor dernier, et qu’il a fait son service avec exactitude, depuis ce temps jusqu’à ce jour, qu’il s’est trouvé aux deux incendies qui ont eu lieu pendant ce temps, à savoir celle du feu de l’Abbaye de Saint-Germain et à celle de l’explosion de la poudrière ».

La pièce numéro 6 évoque sa participation à la répression du soulèvement populaire de prairial An III :

« Le sieur Micas, Capitaine, m’a parfaitement secondé le 1er prairial lorsque je me rendis à la salle de la Convention pour en chasser les scélérats assassins qu’il me donna des preuves de zèle et de capacité et de courage, qu’il me réitéra plusieurs fois, qu’il ne m’abandonneroit pas, que si quelque malveillants vouloient m’atteindre, il se sacriefierait pour me garantir, qu’il étoit là pour défendre la représentation nationale, qu’il sacriefieroit tout son sang pour la sauver de toute incursion, j’atteste de plus qu’il ne m’a pas quitté lorsque je parlais aux assassins, qui paroissoient avoir des desseins sinistres, que pour aller d’ordre du représentant ? chercher sur le champs la troupe qu’il est entré à sa tête, qu’il s’est porté à la salle de la Liberté, pour concourir au désarmement des brigands, je certifie encore que le dit Micas, s’est conduit, les 12 et 13 Germinal avec autant d’énergie que de courage, qu’il nous a fourni de vrais renseignements sur la situation de Paris, et que le Comité de Sûreté Générale lui a confié la mission délicate de conduire Barrère, Collot et Billaud à l’île d’Oléron, mission qu’il a parfaitement bien remplie, Paris le 6 Prairial l’an 3 de la République Française une et indivisible, signé Legendre de Paris ».

La pièce numéro 8 évoque la participation de Micas au nettoyage du faubourg Saint-Antoine :

« Je certifie que le sieur Micas Capitaine au 9ème bataillon de la Gironde a marché avec moi dans la journée du 3 Prairial avec la colonne qui a été chargée de s’emparer de l’arsenal et d’entrer au faubourg Antoine par la ? qu’il a montré dans cette journée le plus zèle et le plus grand courage pour défendre la représentation nationale et la République, qu’un cheval s’est abattu sous lui dans la rue Nicaise et qu’il a remonté à cheval sans avoir égard à sa blessure, quoique je l’ai engagé à ne point continuer la route, qu’enfin il s’est conduit comme un brave militaire et en vrai républicain, qui mérite que la Convention Nationale et les comités du gouvernement récompense et son zèle, et son courage et examinent les motifs de sa destitution du grade de Capitaine du 9ème bataillon de la Gironde où il a été élu par ses frères d’armes, se trouvant en ce moment sans place et victime de l’infâme régime de Robespierre. Signé Robin représentant du peuple du département de l’Aube ».

La pièce numéro 12 est le compte rendu de la commission militaire qui le juge après sa destitution le 25 frimaire :

« Jugement rendu par les membres de la Commission Militaire établie aux Sables, le 16 du mois d’octobre dernier […] contre le citoyen Jérôme Micas, Capitaine de grenadiers au 9ème bataillon de la Gironde, âgé de 38 ans, natif de Saint-Girond, district du dit-lieu, département de l’Arriège […]que le dit Micas n’est pas suffisamment convaincu d’avoir lâchement abandonné son poste au Pas Optond, le 10 du mois de juillet dernier, qu’il fut attaqué par l’ennemi, qu’il paroit qu’il fit des efforts pour rallier sa garde en désordre et lui faire faire face à l’ennemi, jusqu’au Bourg du Fenouillet où il rencontra un détachement de 15 à 20 cavaliers ennemis qui se mirent en devoir de lui couper retraite, que là, il tacha encore de rallier son monde, qu’il se battit contre quelques cavaliers qui le sommèrent de rendre les armes et qu’il ne lui seroit fait aucun mal, qu’il résista à leurs sollicitations et parvînt à se faire jour au travers d’eux, que son sabre fut cassé, les rennes de son cheval coupées et que quelques coups de fusil qui partirent successivement firent prend le mord au-dessus à son cheval tellement qu’il paroit qu’il ne put le retenir et qu’il l’entraina en quelque sorte malgré lui, jusqu’à une certaine distance à la porte de L’Euvrie où avoit été arrêté et que là il parvînt à l’arrêter et qu’il se rendit à Saint-Gilles pour prévenir la Garnison du danger qui pouvait la menacer ne croyant qu’il lui fut possible de rejoindre sa garde attendu que l’ennemi se trouvait entre elle et lui. La commission, d’après tout ce qui vient d’être dit, ne voyant dans la conduite du citoyen Micas, qu’une ineptie marquée, occasionnée par un défaut d’expérience, et non un dessin prémédité d’abandonner son poste pour songer à sa sûreté personnelle, a prononcé contre le dit Micas la peine de destitution de son grade de Capitaine et l’a déclaré incapable d’occuper aucune place supérieure dans les armées de la République et la décharge de toute autre inculpation. Signé Dupleix, Landré et Lesnier, officier au 5ème bataillon de la Charente-supérieure, etc… »[4].

Jérôme Micas ne s’en tînt pas là, et la Convention nationale cassa le jugement de la commission militaire des Sables, le 29 pluviôse An III :

« Considérant que la commission militaire des Sables n’avoit à juger que la question de savoir, si Jérôme Micas avait ou non abandonné son poste par lâcheté, qu’en l’acquittant de ce délit, elle n’a pas pu prononcer sur sa capacité, qu’elle n’auroit pu à cet égard que faire passer, soit aux représentants du Peuple près l’Armée de l’Ouest, soit au Comité de Salut Public les renseignements qu’elle pouvoit avoir, déclare nulle la disposition du jugement ci-dessus, relative à la prétendue capacité au commandement de Jérôme Micas et à sa destitution, et renvoie au Comité de Salut Public pour statuer sur sa demande de pétitionnaire en réintégration dans sa place de Capitaine au 9ème bataillon du Bec d’Ambes, renvoie le citoyen Micas au comité des secours faire un rapport sur les secours et indemnités qui peuvent lui être accordés, le premier décret ne sera point supprimé, il serra seulement inséré au bulletin de correspondance ».

La lettre qu’il écrivit à l’Empereur est datée de 1805, avec une demande d’entrer dans l’ordre de la Légion d’Honneur, en plus de toutes les pièces que Micas fournies, il reçut également le soutien d’une pétition signée par Monsieur Figeac de Toulouse, médecin aux armées, en activité de service à l’hôpital militaire de Parme, une lettre de l’adjudant-général Duboul appuyant sa demande d’entrée dans l’ordre de la Légion d’Honneur, ainsi qu’une autre de Monsieur Esquieu, militaire retiré à Saint-Thibery. Sa demande malgré tous ses efforts ne fut pas couronnée de succès, il obtint seulement en 1809, d’être envoyé comme lieutenant de gendarmerie en Espagne. Il fut finalement, à force de demandes, fait chevalier de la Légion d’Honneur (1er novembre 1814). Il mourut le 21 juillet 1826.

Jean-Baptiste Prat, originaire de Paris, enrôlé à 24 ans dans le 5ème bataillon de Paris, élu caporal (5 septembre 1792), sergent (20 septembre), passé à la légion de police générale en 1795.

François Toques, originaire de Versailles, enrôlé à 23 ans dans le 6ème bataillon de Paris, chef armurier (13 octobre 1792), passé à la légion de police générale en 1795.

 

 Unités de la légion de police générale :

  1ère demi-brigade de la légion de police générale :

 Lors de son licenciement, la 1ère demi-brigade de police générale est envoyée à Metz, ses trois bataillons furent versés le 20 juin 1796 dans les rangs des troupes de l’armée de Rhin-et-Moselle.

 1er bataillon :

 2ème bataillon :

 3ème bataillon :

 2ème demi-brigade de la légion de police générale :

 4ème bataillon :

 Lors du licenciement de la Légion, le 4ème bataillon fut versé dans la 41ème demi-brigade de ligne de seconde formation.

 5ème bataillon :

 Le 5e bataillon lors du licenciement de la Légion fut envoyé à l’armée des Alpes, il fut stoppé à Lyon. Le 5ème bataillon de la légion de police générale fut incorporé dans les rangs de la 41e demi-brigade de ligne (10 mai 1797), à Lyon et fut versé dans son 2ème bataillon.

 6ème bataillon :

 Lors de la dissolution de la légion, le bataillon fut envoyé à Choisy et il fut versé dans les rangs de la 109ème demi-brigade de ligne de seconde formation.

Article de Didier Davin

sehri

[1] Belhomme, Histoire de l’infanterie française, tome 4, p. 119.

[2] Base Leonore.

[3] Base Leonore.

[4] Base Leonore.