62e régiment d’infanterie Salm-Salm

regiment-suisse-chateauvieux

Le 62ème régiment d’infanterie ci-devant régiment suisse Salm-Salm :

 

Historique :

 1790-1791 :

 Le 1er juillet 1790, le régiment en entier était en garnison à Metz[1].

 1792 :

 Le 1er janvier, le régiment était en garnison à Fort-Louis près de Strasbourg. Il comprenait un effectif de 1 015 hommes et 500 manquants. En mars, il se trouvait toujours à Strasbourg.

 Historique du 1er bataillon :

 1793 :

 Le 1er bataillon fut signalé au début du 1793 dans les rangs de l’armée du Nord.

 Embrigadement/amalgame du 1er bataillon :

 1er formation :

 La 123ème demi-brigade de bataille fut formée selon Belhomme[2], le 16 avril 1794, à Chatillon. Louis Susanne[3] indique le 15 avril.

Sa formation comprenait le 1er bataillon du 62ème, le 2ème de la Somme et le 1er de la Vienne.

 2ème formation :

 La 123ème de bataille devint la 99ème demi-brigade de ligne.

Historique du 2ème bataillon :

 1792 :

 Un bataillon était à l’armée du Rhin en 1792, il s’agit probablement du 2ème bataillon.

 1793 :

 Il participa à l’héroïque défense de la ville de Mayence et il fut englobé lors de la capitulation dans la promesse de ne pas servir contre les coalisés avant une année. Désormais appelée armée de Mayence, toujours sous le commandement d’Aubert-Dubayet. Il fut envoyé en Vendée où il se trouvait le 29 septembre, dans la division du général Vimeux, 1ère brigade des Francs. Il était fort de 337 hommes pour six compagnies. Il servit à la bataille de Treize-Septiers, le 6 octobre :

Bataille de Treize-Septiers :

 

Après la défaite de Torfou et la retraite sur Nantes, Canclaux n’avait pas perdu son  temps en réflexion, après avoir refait ses troupes, il imagina un nouveau plan moins compliqué que celui décidé au mois d’août. Il voulut faire marcher seulement deux colonnes, l’armée de Brest et les Mayençais s’avanceraient de Nantes sur Clisson et Montaigu, l’autre appartenant à l’armée des Côtes de la Rochelle partirait de Niort pour s’avancer vers le cœur de la Vendée. Les Mayençais n’avaient pas encore été entamés, leur force restait intacte, et Canclaux disposa des 17 compagnies de grenadiers réunis sous le commandement de Blosse, qu’il considèrait comme un atout, il disait de lui « qu’il valait à lui tout seul un bataillon ». Le 25 septembre, il sortit de Nantes, passa par Remouillé, reprit Clisson et le 1er octobre reprit à nouveau Montaigu. Kléber continua sur Saint-Fulgent à l’orée du bocage.

Il forma trois colonnes, la première composée des chasseurs de Kastel, de la légion des Francs et des chasseurs de la Côte d’Or ; commandée par le chef de bataillon Targe. L’adjudant-général Blosse commandait la seconde colonne avec ses 17 compagnies de grenadiers de l’armée des Côtes de Brest et les chasseurs de la Charente. La troisième colonne aux ordres de Travot était formée d’une compagnie du 7ème bataillon de chasseurs, d’une compagnie de la légion Nantaise, du bataillon des grenadiers réunis et d’une demi-brigade non-identifiée. Canclaux et Merlin amenèrent également deux pièces d’artillerie légère aux ordres du chef de bataillon Scherb, ils suivirent en échelon avec le 4ème bataillon du Haut-Rhin et un bataillon du 62ème régiment d’infanterie.

D’Elbée et Bonchamps se rassemblèrent pour repousser l’ennemi. L’avant-garde des Mayençais était commandée par le capitaine Targe, dit Jean Bart. Le choc eut lieu à Treize-Septiers, Targe refoula les avant-gardes vendéennes, mais tomba sur le gros de l’armée vendéenne, il en avertit aussitôt Kléber. Targe fut effrayé, il n’avait pas d’artillerie, Kléber audacieux voulut sa revanche de Torfou et reprendre l’artillerie perdue. En trois colonnes, Targe à gauche, Blosse à droite et Kléber au centre, les bleus s’élancèrent, les blancs ne les avaient pas attendus dans la plaine, ils s’étaient repliés des hauteurs, pour les couverts des haies. Le combat dura deux heures, jusqu’à l’arrivée des renforts et du gros avec Canclaux. Kléber raconte :

« La colonne de Targe seconde par les grenadiers du 9ème régiment d’infanterie s’empare de deux pièces de canon, une de 8 et l’autre de 4, avec deux caissons […] il m’est impossible de rendre les sentiments que m’ont inspirés Blosse et ses grenadiers, ils se sont conduits en héros et ont profondément gravé dans mon âme l’estime que mérite toujours la prudence alliée au courage. Rien n’a pu les arrêter, ils ont su vaincre les obstacles, à la fin du combat, totalement dépourvus de cartouches, ils n’ont fait usage que de la baïonnette, Blosse s’est mis à pied et combattant au milieu d’eux, il n’a cessé de les encourager par son exemple. Verger capitaine des grenadiers de Maine-et-Loire et commandant l’un des bataillons de grenadiers (réunis) mérite beaucoup d’éloges. La valeur et le sang froid de Boisgérard, chef de mon Etat-major, de Nattes, de Dubreton, mes adjudants-généraux, le zèle et l’activité du chef de brigade Travot, de Billig chef du 4ème bataillon du Haut-Rhin, de Bellet, adjoint de Blosse ont beaucoup contribué au succès de cette journée ».

Les bois et les halliers furent pris, les Vendéens repoussés malgré des corps à corps meurtriers, à découvert, c’était la défaite. Les Mayençais avaient pris leur revanche, mais Canclaux reçut sa destitution le même jour, son expérience et ses succès faisaient des envieux et des jaloux. Ronsin voulut sa tête ne supportant pas les succès qui mettaient en exergue l’incompétence des « généraux » patriotes… Il dénonça Canclaux et Aubert-Dubayet, le premier comme noble, le second pour froideur patriotique… Canclaux fut mis à pied, Aubert-Dubayet fut remplacé par Kléber, le marquis de Grouchy fut suspendu, Duhoux dut démissionner, Rey, Gauvilliers, Mieszkowski, Beffroy et Nouvion furent également écartés comme responsable du fiasco du plan du mois d’août. Poirier de Beauvais indique que les républicains maîtres de Treize-Septiers s’avancèrent jusqu’à Saint-Symphorien, ils mirent le feu à tout ce qu’ils trouvèrent sur la gauche et leur droite, ils avaient les blessés de La Galissonnière à venger[4].

Portraits :

Louis-Dominique Munnier, né à Phalsbourg en Moselle le 17 décembre 1734. Enseigne au régiment de Lowendhal (1748), lieutenant en second (1756), puis en premier (1758). Chevalier de Saint-Louis (1773), capitaine de grenadiers (1778), major la même année. Lieutenant-colonel du régiment Salm-Salm (janvier 1783), colonel du 62ème régiment d’infanterie (25 juillet 1791). Maréchal de camp (septembre 1792), employé à l’armée du Rhin, il commanda la 1ère brigade sous Custine à l’attaque de Spire (30 septembre). Lieutenant-général (28 octobre), il commanda par intérim l’armée des Vosges à la place de Custine (2 au 14 mars). Commandant une division à l’armée du Rhin et la place de Landremont (30 septembre), il reprit le commandement de sa division (2 octobre) mais fut suspendu de ses fonctions (23 octobre) et mis en arrestation aux Ponts Couverts à Strasbourg. Remis en liberté (18 novembre 1794), il fut admis à la retraite (4 janvier 1795) et vivait encore à Nancy, le 22 décembre 1799.

Article de Laurent B.

sehri

[1] Journal militaire de 1790.

[2] Belhomme, Histoire de l’infanterie de France.

[3] Louis Susanne, Histoire de l’ancienne infanterie française.

[4] Kléber en Vendée, p. 182.