11e régiment d’infanterie La Marine

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Le 11ème régiment d’infanterie ci-devant La Marine :

 

Historique :

 Au commencement de la Révolution le régiment était en garnison à Belfort et à Huningue. Face aux troubles de Genève, il redescendit en garnison à Besançon et reprit ses anciennes positions dans lesquelles il se trouvait en août 1790. Suite aux troubles dans le Midi, il prit position dans le département de l’Ain à Montluel puis à Nîmes. Il se trouvait ensuite à Toulon le 14 janvier 1791.

1792 :

 Le 1er janvier, le régiment était en garnison à Toulon. Il comptait un effectif total de 1 097 hommes. Il resta dans cette place jusqu’au commencement de la guerre en avril. Au mois de septembre, à l’armée du Midi, le 2ème bataillon occupa Monaco. Le 1er sous les ordres du général Anselme et de son armée, occupa en quelques jours tout le canton de Nice. Le 1er novembre, les deux bataillons du régiment étaient à l’armée d’Italie, 1ère division de Dagobert, 1ère brigade[1]. Ils se distinguèrent au combat de Sospello le 19 novembre. Le régiment participa également à la répression de la révolte des habitants de Nice où il prit ses quartiers d’hiver.

1793 :

 Au début de la campagne le 1er bataillon était à Nice et le second à Toulon. Le 5 mars, le régiment se trouvait à l’armée d’Italie dans les troupes des camps de la Vallée Pallion, en cantonnement à Castillon[2]. Il était fort de 1 383 hommes. Le 1er bataillon envoya une adresse au mois de mai à la Convention : « Du pain et des armes législateurs et nous mourrons libre ! ». Le bataillon participa ensuite à la bataille de l’Authion, le général Brunet commandant de l’armée d’Italie se décida à attaquer cette forte position. Masséna passa à l’attaque, chassa les Piémontais du Mangiabo et menaça le camp du Brouis, permettant au lieutenant-colonel Gardanne de s’emparer du Moulinet, tandis que le général Dortoman occupait le retranchement des Mille-Fourches. Le terrain gagné était peu important, mais l’avantage avait été pris sur l’ennemi, même si le plateau de l’Authion n’avait pas pu être pris d’assaut par les hommes du 1er bataillon du Var et de Gardanne. Huit bataillons gardaient désormais le col de Brouis avec un avant-poste à Breil, les 1er et 2ème du 11ème régiment d’infanterie ci-devant La Marine, le 1er et 2ème bataillon du 2ème régiment d’infanterie, le 2ème bataillon du 91ème régiment d’infanterie, le 1er bataillon de volontaire de la Haute-Garonne, le 4ème bataillon de la Drôme et le 2ème bataillon du Var.

 Présent à Toulon, au moment de la livraison par ses habitants de la ville aux forces anglaises et espagnoles, le 2ème bataillon s’échappa en partie, le restant étant fait prisonnier ou contraint de participer à la défense de la ville. Les effectifs restants participèrent cependant au siège qui ne tarda pas à commencer. A la soumission de la place, les deux bataillons furent envoyés à l’armée des Alpes[3].

Embrigadement/amalgame 1er bataillon :

 1ère formation :

 Lors du premier amalgame, le 1er bataillon fut amalgamé pour former la 21ème demi-brigade de bataille. La 21ème demi-brigade de bataille fut formée selon Belhomme le 22 octobre 1793 à Monaco, selon Susane le 20 janvier 1794, selon Bernard-Attanoux qui cite Krebs et Moris, le 4 janvier 1794, l’appellation 2ème du Var étant encore présente, citant ce bataillon en garnison à Saint-Arnoux, mais a disparu après le 13 mars 1794[4]. D’après cet auteur l’amalgame a donc eut lieu entre ces deux dates, à Nice. Elle se composait du 1er bat du 11ème, 2ème du Var, 1er de la Haute-Garonne.

Embrigadement/amalgame du 2ème bataillon :

 1ère formation :

 Lors du premier amalgame, le 2ème bataillon fut assemblé pour former la 22ème de bataille[5]. La 22ème demi-brigade de bataille fut formée le 20 avril 1794, à Antibes selon Belhomme. Toutefois Susanne place cette date au 22 septembre 1793, et d’autres sources en novembre 1794. Sa formation comprenait le 2ème bataillon du 11ème, le  bataillon de Martigues et  le bataillon des Bouches-du-Rhône. Belhomme indique quant à lui qu’il s’agit du 2ème bataillon de Marseille et du bataillon de Martigues ce qu’avalise également le journal de l’an VII.

 2ème formation :

 Le 19 janvier 1797, la 22ème de bataille fut amalgamé pour former la 63ème demi-brigade de ligne (avec la 14ème et la 51ème demi-brigade, la demi-brigade des Deux-Sèvres et la 10ème demi-brigade provisoire).

Colonels :

 Colonel Louis du Peloux de Saint-Romain, 25 juillet 1791-10 septembre 1792.

Colonel Jean Ranchin de Massiat, 10 septembre 1792. Maréchal de camp le 20 mai 1791, général de brigade, le 4 mai 1793.

 

État-major du régiment en 1792[6] :


Noms Grades
De Poutet, de Boulard Lieutenant-colonel
Girald Quartier-maître trésorier
Merlin et Hammel[7] Adjudant-major
Dubarry, Cheyssac, d’Abzac, Daboin, Passelaigue, Bizemont, de Menton, d’Hiermont, de la Forge, Lemaître, Chenu, de la Taille, Ed. Duquesnay, Haffrengues, Guyon, Plumet, Guerre, Souquet Capitaine
Ferd. Creny, de Beaurepaire, Olimpe Creny, Hubert Duquesnay, Raymond, Chateauthierry, Dupuget, Lemercier, Deribier, Dorcival, Giraud, Huffon, Patras, Lafond, Lechauff, Rigolot, Menthon, Baynaft Lieutenant
Leroy, Malet, Poulain, Causans, Dubertrand, Dandrée, Machat, Despierres, Gestas, Lechevalier, Duboux, Desacy, Chenu, Verjus, Guil. Gestas, Play, Gérard Sous-lieutenant

 

 

Portraits :

 Joseph Bernadet, de Bâgé-le-Châtel, Ain, fils cadet, frère d’Antoine Bernadet lui aussi engagé volontaire (3e hussards et ancien du 11e d’infanterie) et de Marie Bernardet, née vers 1764. S’enrôla volontaire en 1787 au 11ème régiment d’infanterie ci-devant Marine-infanterie. Il figura en 1792 sur une liste des citoyens de la commune engagés dans les troupes de ligne.  Sa sœur Marie, boiteuse, fut signalée le 6 avril 1792, comme ayant droit aux secours des familles. Sa présence au régiment n’était attestée à cette date par aucun certificat en possession de sa sœur. Il fut signalé sur une liste de la commune en date du 3 février 1793, comme présent à son corps. Il était encore présent à son corps en 1795. Le 20 octobre, le sergent Treppoz, ancien du 3ème de l’Ain et actuellement au 4ème grenadiers de l’armée des Alpes, signala qu’il avait vu Bernardet :

« J’ai eu le plaisir de voir Bernardet le cadet qui fait ici bien ses affaires, Chenier canonnier du 6ème de l’Ain qui est actuellement sur les côtes de la mer entre Antibes et Nice, Moiroud et Simon Rivoire, ils se portent tous bien j’ai eu le plaisir de boire bouteille avec eux ».

Ils partagèrent ensemble une bouteille alors que Treppoz venait d’arriver à Nice. Tous ces hommes étaient à cette date à l’armée d’Italie[8].

Claude Croppet, né vers 1771, natif de Saint-André-de-Tournus, département de la Saône-et-Loire. Il s’engagea le 27 février 1792 en vertu du décret du 24 janvier 1792, à Bâgé-le-Châtel, Ain. Taille de 5 pieds, cheveux châtains bruns, yeux gris, nez assez bien fait mais un peu relevé, visage long et  marqué de petite vérole, bouche moyenne, menton rond et fendu au milieu. Il s’enrôla pour une durée de trois années : « pour servir dans le 11ème régiment d’infanterie ci-devant Vieille Marine ». Il déclara ne pas savoir signer.

 

François Fenouillier, de Bâgé-le-Châtel, Ain, fils de Michel Fenouillier[9] né vers 1736 et d’Estiennette Felieux née vers 1736. Frère de François Fenouillier cadet qui sera incorporé en 1791 et 1793.  S’engagea volontaire vers 1783 au 11ème régiment d’infanterie ci-devant La marine. Il figura en 1792 sur une liste des citoyens de la commune engagés dans les troupes de ligne. Il se présenta le 25 mars 1793, à la municipalité de Bâgé-le-Châtel avec trois certificats :

« il a déclaré qu’il est sorti de son corps pour maladie et au sorti de l’hôpital, mais par l’exposé qu’il nous a faitte qu’il est venu en cette ville pour rétablir sa santé, nous ayant exhibé trois billets d’hôpitaux dont l’un d’Antibes, le second de Valence, et le troisième de Lyon, lequel néanmoins se soumet de rejoindre lorsque sa santé sera entièrement rétablie et desquelles comparutions et remontrances je luy ai donné acte pour luy servir et valloir ce que de raison ».

Il fut signalé aux armées sur une liste de la commune, en date du 3 février 1793, comme grenadier et présent à son corps. Son père fut signalé, le 6 avril 1794, comme ayant droit aux secours des familles pour lui et son frère malgré « que le dit Fenouillier n’a justifié d’aucuns certificats qui établisse l’existence de ses deux fils dans les armées de la République ».

Joseph Folliard, né vers 1767, garçon-tissier natif de Belleville-en-Beaujolais. Il s’engagea le 28 février 1792 en vertu du décret du 24 janvier 1792, à Bâgé-le-Châtel, Ain. Taille de 5 pieds, cheveux noirs, yeux et sourcils de même, regard louche, le nez grand, la physionomie pâle. Il s’enrôla pour une durée de trois années : « pour servir dans le 11ème régiment d’infanterie ci-devant Vieille Marine ». Il signa son acte d’engagement.

 

Denis Gaillard, laboureur né à Saint-Trivier-de-Courtes (Ain), le 21 janvier 1774, fils d’André Gaillard et de Marie-Claudine Bourgeois. Il s’engagea en mars 1791 au 11ème régiment d’infanterie ci-devant La Marine. Ayant droit aux secours aux familles car ayant à charge en janvier 1795, son père, 49 ans, laboureur né en 1746. Denis Gaillard rentra dans son foyer probablement à la fin de son engagement dans le courant de l’année 1794 ou 1795. Il se maria le 11 février 1796 avec Marie-George Morel, alors âgée de 17 ans et fille du défunt Jacques Morel fermier au hameau « de la Forêt » paroisse de Courtes et d’Antoinette Negon. Son mariage fut célébré clandestinement, le 29 février 1796, devant le prêtre réfractaire Philibert Tournade. Les témoins furent Jacques Morel frère de la mariée, Joseph Mornet beau-frère de la mariée fermiers au hameau de la Forêt, Claude-Benoit Darbon beau-frère du marié, fermier au hameau Saysolles paroisse de Courtes, Jean-Pierre Gaillard oncle du marié, cultivateur à Saint-Trivier. Nous apprenons à cette occasion que Denis Gaillard savait signer, par ailleurs d’une belle écriture[10]. Le 11 septembre 1797, il fit baptiser clandestinement sa fille Marie-Claudine. La cérémonie fut célébrée par le prêtre réfractaire Reboul[11].

Louis Gondy, né vers 1771, natif de La Cleyte, chef-lieu de canton du district de Marciny, département de la Saône-et-Loire. Il s’engagea le 26 février 1792, en vertu du décret du 24 janvier 1792, à Bâgé-le-Châtel, Ain. Taille de 5 pieds, 2 pouces et 8 lignes, cheveux châtains et sourcils noirs, yeux gris, marqué de petite vérole, la lèvre inférieure un peu grosse. Il s’enrôla pour une durée de trois années : « pour servir dans le 11ème régiment d’infanterie ci-devant Vieille Marine ». Il signa son acte d’engagement.

Claude Guyenon, de Bâgé-le-Châtel, Ain, soldat au 11ème régiment d’infanterie ci-devant « Vieille Marine », figurant sur une liste de 1792 parmi les hommes engagés dans les troupes de ligne. Date d’enrôlement inconnue. Il fut encore présent sur une liste de la commune en date du 3 février 1793.

Jean-Charles Moizin, né vers 1771, de Bâgé-le-Châtel, Ain, fils de Charles et d’Elisabeth Dumerguet. Il fut fusilier au 11ème régiment d’infanterie ci-devant « Vieille Marine ». Il figura sur une liste de 1792, parmi les hommes engagés dans les troupes de ligne. Date d’enrôlement inconnue. Il était encore présent sur une liste de la commune en date du 3 février 1793. Cependant il décéda le 18 octobre 1793, à l’hôpital de Cuers dans le Var[12].

 

Joseph Parisot dit Pagot, né vers 1766, domestique à Marsonnas, Ain. Il s’engagea le 26 février 1792 en vertu du décret du 24 janvier 1792. Taille de 5 pieds, cheveux bruns, sourcils blonds, yeux gris foncé, nez grand, visage long, une cicatrice à la joue droite, bouche grande. Il s’enrôla pour une durée de trois années : « pour servir dans le 11ème régiment d’infanterie ci-devant Vielle Marine[13] et s’engagea à rejoindre son régiment au premier ordre qui lui sera donné ». Il déclara ne pas savoir signer[14]. Il fut signalé comme étant toujours sous les drapeaux en date du 16 novembre 1795.

Benoit Perat, habitant de Saint-Julien-sur-Reyssouze, Ain. Il s’engagea le 16 juillet 1791, dans le 2ème bataillon du 11ème régiment d’infanterie ci-devant « La Marine ». Fils de Benoit Perat et de feu Mariene Cortin. Le 4 novembre 1793, il obtint un certificat de bonne conduite de son régiment. Ce dernier indiquait qu’il servit dans son unité d’une manière irréprochable. Il fit parvenir ce document à ses parents car son père et sa belle-mère Marie Jacquet étaient déclarés comme étant dans « une réelle indigence » et ayant droit aux secours des familles. Au moment de cette déclaration, dans le courant de 1794, il était caporal au 3ème bataillon de la 22ème demi-brigade de bataille[15].

Pierre Perret, de Bâgé-le-Châtel, Ain, fils de Jean-Baptiste Perret né vers 1743 et d’Antoinette Maréchal née vers 1739, frère de Louis Perret réquisitionnaire de 1793. Il s’engagea en juillet 1791 dans le 3ème bataillon du 11ème régiment d’infanterie ci-devant  Marine Infanterie. Il figura en 1792, sur une liste des citoyens de la commune engagés dans les troupes de ligne. Il fut signalé sur une liste de la commune en date du 3 février 1793, comme présent à son corps. Ses parents furent signalés, le 6 avril 1794, comme ayant droit aux secours des familles. A cette occasion, ils purent prouver la présence de leur fils à son corps par sa correspondance, preuve qu’il savait lire et écrire. Ses parents touchèrent encore les secours aux familles à la date du 14 juin 1795[16].

Pierre Robin, de Bâgé-le-Châtel, Ain, fils cadet de Maréchal née vers 1731 veuve de Michel Robin. Son frère aîné, Claude Robin était un volontaire de 1792. Il s’enrôla vers 1791 au 11ème régiment d’infanterie ci-devant « Marine-infanterie », compagnie Dubary. Il figura en 1792, sur une liste des citoyens de la commune engagés dans les troupes de ligne. Il fut signalé aux armées sur une liste de la commune, en date du 3 février 1793 comme présent à son corps. Sa mère fut signalée le 6 avril 1794, comme ayant droit aux secours des familles. Elle déclara à cette occasion : « qu’elle n’a reçu aucune nouvelle depuis le 5 septembre 1792 et elle ne peut justifier de son existence dans les armées par aucun certificat, elle n’a que sa correspondance qu’elle remettra aux vérificateurs ». Il était toujours à son corps le 14 juin 1795, puisque sa mère toucha encore les secours aux familles des défenseurs de la Patrie[17].

Article de Laurent B.

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[1] A. Chuquet, Dagobert, p. 438-440.

[2] Ordre de bataille de la collection Nafziger, armée française d’Italie, le 5 mars 1793.

[3] Louis Susanne, tome 3, pages 280 et 281.

[4] Bernard-Attanoux, Le 2ème bataillon des volontaires du Var, p. 26.

[5] E. Desbrières, tome 1, page 339.

[6] Roussel, pages 87 et 88.

[7] Il s’agit du futur général Hamel, qui passera lieutenant-colonel dans le 1er bataillon du 11ème ci-devant Marine, puis sera fait général de brigade.

[8] Lettre de Treppoz, Jérôme Croyet, Pour la nation, à la gloire de l’Empire, lettres et mémoires inédits des soldats de l’Ain, 1792-1816.

[9] Son père fut présenté le 3 novembre 1793, pour devenir membre de la société des sans-culottes de Bâgé. Jérôme Croyet, Sous le bonnet rouge, thèse, tome 5, page 1079.

[10] AD de l’Ain, 110 J 447.

[11] Idem, 110 J 464.

[12] Robert Ecoiffier, Nos Ancêtres et Nous, N° 86, page 13.

[13] L’appellation exacte est 11ème régiment d’infanterie ci-devant  La Marine, article de Michel Petard L’infanterie de 1786,  dans Tradition magazine n° 30 31, La Nation en Armes, page 14.

[14] AD de l’Ain, AC de Bâgé, registre d’enrôlement, REV 11.

[15] 22ème de bataille issue de l’amalgame du 2ème bataillon du 11ème, du bataillon de Martigues et d’un bataillon des Bouches-du-Rhône, AD de l’Ain, 9 L 33.

[16] AD de l’Ain, AC de Bâgé, REV 12.

[17] AD de l’Ain, AC de Bâgé, REV 12.