9e régiment d’infanterie Normandie

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Le 9ème régiment d’infanterie ci-devant Normandie :

 

Historique :

 1790-1791 :

 Le 1er juillet 1790, le régiment en entier était en garnison à Brest. Il passa ensuite à Belle-Ile en mer où il se trouvait au 1er janvier 1792, fort d’un effectif de 485 hommes (un bataillon)[1].

Embrigadement/Amalgame du 1er bataillon :

 1ère formation :

 La 17ème demi-brigade de bataille fut formée le 1er septembre 1795 à Belle-Ile selon Belhomme[2]. Selon Louis Susanne[3], cette formation serait intervenue deux ans plus tôt, le 1er septembre 1793. Elle se composait selon Louis Susanne du 1er bataillon du 9ème régiment, du 2ème bataillon de l’Indre et du 3ème de la Seine-Inférieure. Mais Belhomme donne le 1er bataillon de la Seine-Inférieure à la place du 3ème. Dans l’état il n’est pas possible de trancher.

Historique du 2ème bataillon :

 1791 :

 Le 6 janvier 1791, le 2ème bataillon fut embarqué à Lorient pour rejoindre l’île de Saint-Domingue. En débarquant dans l’île au mois de mars, les 2ème bataillons du 9ème et du 48ème se révoltèrent et rejoignirent les soldats du régiment colonial de Port-au-Prince lui-même insurgé. Ils furent dissous. Mais ils furent aussitôt rassemblés et envoyés en France où ils débarquèrent à Lorient. Le bataillon fut entièrement réorganisé au mois de décembre.

 1792-1793 :

 Il a ordre de s’embarquer à nouveau, mais pour Belle-Ile en Mer au mois de février 1793[4].

Embrigadement/amalgame du 2ème bataillon :

 1ère formation :

 Néant.

 2ème formation :

 D’après Belhomme, la 46ème demi-brigade de ligne fut formée le 9 juillet 1796 à Cherbourg avec les 17ème et 107ème demi-brigades de bataille, le 2ème bataillon du 9ème régiment d’infanterie, les 1er et 2ème bataillons du 39ème régiment d’infanterie, moins leurs compagnies d’infanterie.

 Toutefois Louis Susane précise : En 1796, le 1er bataillon et le dépôt du 2ème bataillon furent amalgamés dans la 46ème demi-brigade de deuxième formation[5]. Elle fut constituée également par les 17ème et 107ème demi-brigades, le 2ème bataillon du 9ème régiment.

Belhomme semble à notre avis dans l’erreur, il s’agit probablement du dépôt du 2ème bataillon du 39ème d’infanterie et non du bataillon en entier qui fut amalgamé dans la 46ème demi-brigade de ligne.

Portrait :

 Jean-François comte de Thiboust de Berry Desaulnois, né le 24 septembre 1742 à Fontenoy dans le diocèse de Sens. Enseigne dans un régiment d’infanterie (30 juin 1759), lieutenant (9 septembre 1760), il fit les campagnes de 1760 et 1761 en Allemagne où il fut blessé à la bataille de Clostercamp (16 octobre 1760). Il prit part aux campagnes aux îles de France de 1771 à 1774, capitaine en second (16 juin 1776). En 1778, il s’embarqua sur le vaisseau La Bretagne avec un détachement du régiment ci-devant Normandie. Chevalier de Saint-Louis (5 juillet 1781) et fit ensuite campagne (1782) dans le pays de Gex où des troubles avaient éclaté et fut promu capitaine de grenadiers (10 mai), capitaine commandant (26 mai 1783) et lieutenant-colonel au 9ème régiment d’infanterie (15 octobre 1792). Depuis 1791, il était à Saint-Domingue où il commandait la place de Port-au-Prince, alors qu’il était noté comme bon officier. Il rentra en France avec un congé (3 mai 1792) pour rétablir sa santé. Le 29 août 1793, il fut remplacé pour cause d’une trop longue absence par suite de maladie et un décret de la Convention Nationale du 7 janvier 1794 le mit à la retraite. Il fut admis (18 mai 1796) par un arrêté du Directoire à reprendre du service comme chef de brigade à la 28ème de ligne (12 juillet 1797). Le citoyen Ribeyre attaqua cette nomination comme faite à son préjudice. Le Directeur La Revellière-Lepeaux, à qui la réclamation était adressée, demanda au ministre de la Guerre d’examiner cette affaire. Le citoyen Ribeyre déclarait qu’il avait plus de services que Desaulnois, plus ancien comme chef de brigade et ayant commandé avec ce grade depuis mars 1795. Sur la proposition du ministre Schérer, le Directoire décida (23 août 1797), que l’arrêté de nomination de Desaulnois du 12 juillet était rapporté, le citoyen Ribeyre fut nommé à sa place. Privé d’emploi il assista à la journée révolutionnaire du 18 Fructidor An V, le 4 septembre 1797.

Historique des grenadiers du 9ème régiment d’infanterie :

 

Détachée du régiment, ils se trouvaient à l’armée des Côtes de Brest en octobre 1793.

 

Bataille de Treize-Septiers, 6 octobre 1793 :

 

Après la défaite de Torfou et la retraite sur Nantes, Canclaux n’avait pas perdu son  temps en réflexion, après avoir refait ses troupes, il imagina un nouveau plan moins compliqué que celui décidé au mois d’août. Il voulut faire marcher seulement deux colonnes, l’armée de Brest et les Mayençais s’avanceront de Nantes sur Clisson et Montaigu, l’autre appartenant à l’armée des Côtes de la Rochelle partirait de Niort pour s’avancer vers le cœur de la Vendée. Les Mayençais n’ayant pas encore été entamés, leur force restait intacte et Canclaux disposa des 17 compagnies de grenadiers réunis sous le commandement de Blosse, qu’il considèra comme un atout, il disait de lui « qu’il valait à lui tout seul un bataillon ». Le 25 septembre, il sortit de Nantes, passa par Remouillé, reprit Clisson et le 1er octobre reprit à nouveau Montaigu. Kléber continua sur Saint-Fulgent à l’orée du bocage.

Il forma trois colonnes, la première composée des chasseurs de Kastel, de la légion des Francs et des chasseurs de la Côte d’Or commandée par le chef de bataillon Targe. L’adjudant-général Blosse commanda la seconde colonne avec ses 17 compagnies de grenadiers de l’armée des Côtes de Brest et les chasseurs de la Charente. La troisième colonne aux ordres de Travot était formée d’une compagnie du 7ème bataillon de chasseurs, d’une compagnie de la Légion nantaise, du bataillon des grenadiers réunis et d’une demi-brigade non-identifiée. Canclaux et Merlin firent amener également deux pièces d’artillerie légère aux ordres du chef de bataillon Scherb, ils suivirent en échelon avec le 4ème bataillon du Haut-Rhin et un bataillon du 62ème régiment d’infanterie.

D’Elbée et Bonchamps se rassemblèrent pour repousser l’ennemi. L’avant-garde des Mayençais était commandée par le capitaine Targe, dit Jean Bart. Le choc eut lieu à Treize-Septiers, Targe refoula les avant-gardes vendéennes, mais tomba sur le gros de l’armée vendéenne, il en avertit aussitôt Kléber. Targe fut effrayé, il n’avait pas d’artillerie, Kléber audacieux voulut sa revanche de Torfou et reprendre l’artillerie perdue. En trois colonnes, Targe à gauche, Blosse à droite et Kléber au centre, les bleus s’élancèrent, les blancs ne les avaient pas attendus dans la plaine, ils s’étaient repliés des hauteurs pour les couverts des haies. Le combat dura deux heures, jusqu’à l’arrivée des renforts et du gros avec Canclaux. Kléber raconte :

« La colonne de Targe seconde par les grenadiers du 9ème régiment d’infanterie s’empare de deux pièces de canon, une de 8 et l’autre de 4, avec deux caissons […] il m’est impossible de rendre les sentiments que m’ont inspirés Blosse et ses grenadiers, ils se sont conduits en héros et ont profondément gravé dans mon âme l’estime que mérite toujours la prudence alliée au courage. Rien n’a pu les arrêter, ils ont su vaincre les obstacles, à la fin du combat, totalement dépourvus de cartouches, ils n’ont fait usage que de la baïonnette, Blosse s’est mis à pied et combattant au milieu d’eux, il n’a cessé de les encourager par son exemple. Verger Capitaine des grenadiers de Maine-et-Loire et commandant l’un des bataillons de grenadiers (réunis) mérite beaucoup d’éloges. La valeur et le sang froid de Boisgérard, chef de mon Etat-major, de Nattes, de Dubreton, mes adjudants-généraux, le zèle et l’activité du chef de brigade Travot, de Billig chef du 4ème bataillon du Haut-Rhin, de Bellet, adjoint de Blosse ont beaucoup contribué au succès de cette journée

Les bois et les halliers furent pris, les Vendéens repoussés malgré des corps à corps meurtriers, à découvert, c’était la défaite. Les Mayençais avaient pris leur revanche, mais Canclaux reçut sa destitution le même jour, son expérience et ses succès faisaient des envieux et des jaloux, dénoncés, Ronsin voulait leurs têtes ne supportant pas leurs succès qui mettaient en exergue l’incompétence des « généraux » patriotes… Il dénonça Canclaux et Aubert-Dubayet, le premier comme noble, le second pour froideur patriotique… Canclaux fut mis à pied, Aubert-Dubayet fut remplacé par Kléber, le marquis de Grouchy fut suspendu, Duhoux dut démissionner, Rey, Gauvilliers, Mieszkowski, Beffroy et Nouvion furent également écartés comme responsables du fiasco du plan du mois d’août. Poirier de Beauvais indique que les républicains maîtres de Treize-Septiers s’avancèrent jusqu’à Saint-Symphorien, ils avaient mis le feu à tout ce qu’ils avaient trouvés sur la gauche et leur droite, ils avaient les blessés de La Galissonnière à venger[6].

Embrigadement/amalgame :

 1ère formation :

 C’est probablement cette compagnie qui fut versée soit dans le 1er ou le 2ème bataillon de grenadiers des Côtes de Brest. L’opération eut lieu à Brest le 7 février 1794.

 2ème formation :

 Selon Belhomme[7], à l’armée de l’Ouest suite à la formation par le général Hoche de la Légion étrangère, la 2ème compagnie de grenadiers du régiment servit de noyau en novembre 1796 au régiment O’Méara.

Portrait :

 Bellet, né à Chevanceaux en Saintonge le 1er mai 1765, engagé au régiment de Normandie (1786). Sergent-major, puis capitaine au régiment colonial de Port-en-Prince (mai 1792). Rentra en août dans son régiment, 9ème d’infanterie, sous-lieutenant. Il commanda en second la place d’Ancenis puis passa sous les ordres de Blosse à l’armée des Côtes de Brest (1793). Adjoint aux adjudants-généraux (22 septembre). Chef principal des compagnies territoriales organisées à Saint-Malo par Boursault et commandant de cette place du 23 février 1794 au 23 août 1801. Commandant de la presqu’île de Quiberon, de 1802 à 1816. Retraité avec une pension de 1 800 francs.

 Article de Laurent B.

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[1] Journal Militaire de 1792.

[2] Belhomme, Histoire de l’Infanterie Française.

[3] Louis Susane, Histoire de l’ancienne Infanterie Française.

[4] Journal Militaire de 1793.

[5] Louis Susane, Histoire de l’ancienne infanterie française, tome 5, page 54.

[6] Kléber en Vendée, p. 182.

[7] Belhomme, Histoire de l’Infanterie Française.