13e régiment de hussards des Alpes

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Les hussards des Alpes, ou 13ème régiment de hussards[1] :

 

Date de formation : 26 juin 1793 officieusement, 31 janvier 1795 officiellement sous le numéro 13.

Formation :

Par le décret du 26 juin 1793, la Convention Nationale prévoyait la formation d’un régiment de hussards formé d’une partie des levées d’hommes de cavalerie du département de l’Ain, d’une partie des levées de cavaliers jacobins équipés par les sociétés populaires, de la légion Germanique et des hussards de la liberté. Ces hommes furent en partie dirigés vers le dépôt de Vienne où ils restèrent sans emploi avant d’être formés en régiment et de recevoir le numéro 13 de l’arme des hussards.

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Historique :

1794 :

Le 2 janvier, le cavalier volontaire Jean Gunet « de la société des Sans-culottes de Bourg » demanda et obtint un certificat de civisme auprès du comité de surveillance de Bourg[2]. L’unité végéta encore probablement au dépôt de Vienne.

Le 1er août, un arrêté des représentants Albitte et Laporte ordonna la formation d’une unité de cavalerie avec les hommes du dépôt de Vienne, soit deux escadrons de deux compagnies totalisant 418 hommes et qui prirent le nom officiel de hussards. Les trois premières compagnies furent formées de levées et de militaires et la dernière des hommes fournis par les sociétés populaires. Les escadrons furent formés de septembre à octobre mais l’unité du fait de son utilisation locale eut du mal à trouver une organisation.

Le 26 septembre, les représentants Albitte et Saliceti nommèrent Guérin, vicomte d’Etoquigny chef d’escadrons des hussards des Alpes pour organiser l’unité. Il rencontra de grandes difficultés, du fait de l’éparpillement de ses hommes entre les dépôts de Vienne, Lyon, Mâcon et Bourg-en-Bresse. En effet ceux-ci furent régulièrement mis en réquisition pour des missions locales allant de la rentrée des réquisitions pour les armées, à la surveillance de la circulation des denrées (le long de la Saône, comme à Saint-Laurent ou Manziat). Les districts dombistes et de la Bresse étaient en proie à un intense trafic de grains et de denrées à un moment critique où les paysans étaient enclins à cacher ces fournitures pour leur propre survie, et où les armées étaient dans le plus complet dénuement. Le district de Pont-de-Vaux était de ceux-là.

Un premier détachement de hussards des Alpes cantonnant à Mâcon fut envoyé en garnison à Pont-de-Vaux. Le district pour surveiller le passage des grains transféra un piquet de 15 hussards appuyés par 10 gardes nationaux et un commissaire, dans la commune de Manziat.  Ces hussards furent chargés d’effectuer une surveillance assidue, jour et nuit et d’assurer des patrouilles. Les magasins de grains étaient vides et il s’agissait de forcer les récalcitrants à verser les denrées demandées pour les armées. Dès le mois d’octobre, le commandant de la Garde nationale de Bâgé-le-Châtel demanda l’envoi d’un piquet de hussards dans la commune pour patrouiller et entraver le commerce et la circulation illicite des grains. Le 28 octobre, le district de Pont-de-Vaux annonça l’envoi à Bâgé-le-Châtel d’un piquet de 12 hussards pour y rester en garnison. Ces hommes furent encadrés et appuyés par six hommes de la Garde nationale locale. Sans doute par crainte du pillage, des troubles et de la mauvaise discipline qui accompagnaient les unités de hussards partout où elles se rendaient.

Le 1er novembre, Pont-de-Vaux reçut à son tour une garnison du 2ème escadron des hussards des Alpes, forte de 20 cavaliers qui s’installèrent chez l’aubergiste Basset. Jérôme Croyet indique bien dans son fascicule auquel je renvois, que la réputation de ces hommes était bien celle de mauvais sujets, « dernier à boire, premier au feu ». Encore que l’on se demande bien, dans le bocage bressan quel ennemi redoutable, les hussards des Alpes pouvaient bien affronter ! Ces garnisons n’eurent cependant qu’un unique but : remplir les magasins des armées et impressionner les populations. Ce résultat s’il fut atteint ne le fut pas sans heurts. Dès le 8 novembre, les officiers municipaux de Saint-Laurent se plaignirent de leurs « hôtes ». Les habitants malmenés sur les chemins et soumis à des contrôles furent vite décidés à ne pas se laisser faire et des troubles et des incidents éclatèrent entre les hussards et la population.

Au district de Pont-de-Vaux, la confiance dans leur force répressive fut cependant maintenue. Le 23 novembre, les hussards des Alpes participèrent à l’arrestation d’un officier municipal de Marsonnas, coupable d’avoir retenu le tableau de recensement des grains de sa commune. La garnison de Pont-de-Vaux quitta cependant la ville le même jour pour rejoindre le dépôt de Mâcon. Celle de Bâgé-le-Châtel reçut à son tour l’ordre de cantonner à Saint-Laurent-sur-Saône où elle dut surveiller encore les circulations de grains. Le marché de Saint-Laurent était en effet une importante halle, où les grains circulaient et se vendaient notamment grâce aux mariniers et à la Saône.

Les hussards des Alpes furent donc utilisés comme force de police. Jérôme Croyet indique très justement dans sa conclusion que si leur efficacité fut réelle sur l’instant, elle fut un échec retentissant pour l’avenir. Les habitants du district, une fois les hussards réduits à un mauvais souvenir, reprirent leurs trafics et accaparements. Les plaintes sur les résistances aux réquisitions ne firent qu’augmenter au fil des mois et des réquisitions nombreuses.

1795

L’unité des hussards des Alpes ne fut officiellement formée que le 31 janvier 1795, pour servir sur les arrières de l’Armée des Alpes. Pour former enfin ce régiment, les quatre compagnies de hussards des Alpes furent complétées avec une compagnie de dragons de la Montagne, ainsi que de l’excédent d’une compagnie des guides à cheval de l’armée des Alpes. La composition des effectifs rassembla alors des origines très diverses et embrassant toute la France. Guérin ayant formé et équipé son unité après bien des déboires fut nommé à titre provisoire chef de brigade, le 1er février.

Le régiment fut disséminé dans les différentes divisions de l’armée des Alpes. Le 3ème escadron comptant un effectif de 173 hommes était dans la 2ème division du centre et cantonna à Chambéry. Un détachement de 18 hommes était en garnison à Grenoble dans la 4ème division de Réserve. Tandis qu’un autre détachement de 95 hommes était quant à lui dans la 1ère division de droite[3]. Il semble bien par ailleurs que d’autres détachements étaient présents à l’armée d’Italie à la date du 21 mars[4]. Le 1er septembre, les hussards des Alpes devinrent 13ème régiment de hussards. Ce régiment était cependant éparpillé à travers trois dépôts.

1796 :

Nous le retrouvons alors à l’armée d’Italie en 1796. Le 5 avril, il éprouva une première perte suivie d’autres. Le 11 avril, un escadron du régiment rejoignit le général Joubert à Ceva pour servir à l’avant-garde. Le 9 avril, le régiment fit partie de la 2ème division du général Kilmaine et ne compta que 250 hommes[5]. Le 16 avril, le régiment fut compté pour environ 200 hommes. Il fit partie de la cavalerie de Stengel et de Beaumont arrivant de la rivière Gênes pour soutenir l’offensive française. Le 21 avril, le régiment se porta sur Alba et traversa certainement la Corsaglia à gué en aval de Lesegno[6]. Il combattit à Mondovi le même jour, le chef de la cavalerie, le général Stengel fut mortellement blessé. Ce jour-là les forces piémontaises furent enfoncées par la division du général Serurier. Elles ne purent plus défendre efficacement leur pays.

Le régiment était un peu en arrière de la cavalerie de l’armée et se trouvait le 24 avril, à Diano. Le 28 avril, un armistice fut signé par Bonaparte avec les plénipotentiaires du roi de Piémont-Sardaigne. Le régiment était à la 2ème division du général Beaumont à la date du 29 avril. Son effectif s’était amenuisé, il ne comptait plus qu’environ 200 hommes[7]. Il passa le 8 mai le Pô sur des embarcations. Le 10 mai, le régiment s’illustra à la bataille de Lodi où il se couvrit de gloire.

Mais le 18 mai, ayant probablement encore fondu au niveau de son effectif, le régiment fut dissout et incorporé sur ordre du général Kilmaine, pour moitié dans le 1er régiment de hussard et pour l’autre dans le 7ème régiment de hussards. 25 de ces hommes, les mieux montés et sans doute les plus méritants entrent dans les guides de l’armée des Alpes[8].

 Article de Jérôme Croyet augmenté par Laurent B.

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[1] Jérôme Croyet, Les hussards des Alpes et le département de l’Ain, réquisitions, subsistances et armée des Alpes en l’an 3.

[2] AD de l’Ain, 14 L 19.

[3] Krebs et Moris, Campagnes dans les Alpes, tome 2, p. 321.

[4] Idem, page 313.

[5] Division composée des 7ème et 13ème hussards, 24ème chasseurs, 8ème et 15ème dragons, pour un effectif total de 1 778 hommes, Krebs et Moris, ibidem, p. 374.

[6] Le fait n’est pas certain, quatre régiments non cités passèrent  le gué, et marchèrent sur les hauteurs de Bicocca depuis 9 heures du matin.

[7] 1ère division composée des 1er hussards, 22ème et 25ème chasseurs à cheval, 8ème et 20ème dragons, pour un effectif total de 1 350 hommes. 2ème division composée du 7ème et 13ème hussards, 10ème et 24ème chasseurs, 5ème et 15ème dragons, 2escadrons du 20ème, un détachement de hussards pour 2 170 hommes, Krebs et Moris, ibidem, p. 380.

[8] Jérôme Croyet indique dans son fascicule que sur un effectif de 339 hommes, 168 étaient présents à Lodi.