103e régiment d’infanterie ex Gardes françaises

blog-1

Le 103ème régiment d’infanterie ou ancien régiment des gardes françaises :

 

Formation :

 Le 3 août 1791, après le licenciement de la Garde soldée parisienne, un nouveau décret du 28 août organisa l’emploi des troupes ainsi libérées. Elles durent former trois régiments d’infanterie, deux bataillons d’infanterie légère, une division de gendarmerie à pied et une division de gendarmerie à cheval. Cette organisation ne fut terminée qu’au mois d’octobre 1791.

 Le 103ème fut formé avec deux compagnies de grenadiers et 16 de fusiliers du corps soldé. Il reçut en outre deux canons et une section de canonniers composée d’un sous-lieutenant, d’un sergent, de deux caporaux, de deux appointés et de 16 canonniers. Les hommes furent comme dans les autres unités de la ligne, organisés en deux bataillon de neuf compagnies, ils conservèrent l’uniforme national mais prirent le casque.

Historique :

 1792 :

 Le 1er janvier, le régiment était en garnison à Paris[1]. Au mois de juin, le régiment fit partie de l’armée du Rhin. Le 1er octobre, il passa à l’armée de Moselle du général Beurnonville et prit part à l’expédition de Trèves.

 Historique du 1er bataillon :

 1792 :

 Le 1er bataillon était en garnison en Lorraine, il assista au siège de Thionville.

 1793 :

 Il servit à l’armée du Centre en 1793 puis à l’armée des Ardennes, puis armée de Sambre-et-Meuse en 1794.

Le 15 mai, le 1er bataillon était aux avant-postes à Neukirchen et soutint un combat contre les Prussiens qui enlevèrent cette position mais durent finalement reculer.

Du 26 au 28 septembre, alors que les coalisés forçaient les armées françaises à se replier sur la rive gauche de la Sarre, les grenadiers du 103ème avec ceux du 44e d’infanterie, formèrent seuls l’arrière-garde en restant en position à Scheidt.

Le 1er bataillon se distingua au gué de Guiding alors que le général Hoche tenta de débloquer la place de Landau. Il culbuta le corps du prince de Hohenlohe mais dut battre en retraite devant les forces de l’armée de Brunswick après trois jours de combat.

Le sous-lieutenant Lidor se distingua durant la journée du 28 novembre, il prit le commandement d’une batterie d’artillerie abandonnée et put favoriser la retraite de plusieurs bataillons mal engagés[2].

 1794 :

 Durant l’hiver 1793-1794, le 1er bataillon participa à la campagne du général Hoche de l’armée de Moselle, faisant reculer les coalisés jusque sous les murs de Mayence. Le régiment prit ensuite ses cantonnements d’hiver dans la région. Le sous-lieutenant Lidor s’illustra à nouveau dans ses heures graves, ainsi que le capitaine Switer qui devînt par la suite général de brigade[3].

 Embrigadement/amalgame du 1er bataillon :

 1ère formation :

 La 181ème demi-brigade de bataille fut formée à Longwy, le 1er avril 1794, selon Belhomme[4], le 31 mars selon Susanne[5].

Elle se composait du 1er bataillon du 103ème (ex Gardes françaises), 1er de Rhône-et-Loire, et bataillon de l’Arsenal (Paris).

 2ème formation :

 La 181ème de bataille devint les 78ème et 92ème demi-brigades de ligne.

Les 1er et 2ème bataillons furent incorporés dans la 78ème demi-brigade de ligne à l’armée de Sambre et Meuse.

Le 3ème bataillon fut incorporé en seconde formation dans la 92ème demi-brigade de ligne.

Historique du 2ème bataillon :

 1793 :

 En mai, le 2ème bataillon était à Sarrelouis en garnison, il fut envoyé à l’armée du Rhin à Haguenau où il entra dans la composition des troupes du général Pichegru[6].

Le 17 décembre, le 2ème bataillon se trouvait à l’armée du Rhin, division du général Hatry[7], il s’empara du poste de Pfaffenhoffen et occupa Ubrach. Au déblocus de Landau, il culbuta à la baïonnette la première ligne autrichienne.

 1794 :

 Le 2 janvier, il passa à l’armée de Moselle, dans la division Ambert et prit part à un engagement très vif avec les Prussiens largement supérieur en nombre. Après la retraite, il vint prendre ses quartiers d’hiver sur la Sarre.

Le 2e bataillon était dans la division Desbureaux et entra dans Trèves le 4 août, puis occupa la Montagne Verte. Il fut ensuite encore dans les rangs de l’armée du Rhin et participa à la dure campagne de l’hiver 1794-1795. Les Autrichiens furent battus deux fois par Jourdan, les Prussiens retraitèrent au-delà du Rhin, les Anglais et les Hollandais furent battus dans le Nord permettant à la France de border toutes les rives du grand fleuve du Rhin. L’hiver fut terrible, le thermomètre descendant à – 17 °C, l’état des troupes étant lamentable, les soldats mal vêtus et en haillons, sans paye[8].

Le 10 décembre, le 2e bataillon se trouvait devant la place de Mayence.

 1795 :

 Il prit part au blocus de la place de Luxembourg et participa à plusieurs engagements contre les assiégés, perdant 8 officiers tués ou blessés[9].

 Embrigadement/amalgame du 2ème bataillon :

 1ère formation :

 La 182ème demi-brigade de bataille fut formée le 19 juin 1795, à Mayence, selon Belhomme et Susanne.

Elle se composait du 2ème bataillon du 103ème, du 2ème des Côtes-du-Nord, et du 7ème du Bas-Rhin.

 2ème formation :

 Le 20 février 1796, la 182ème de bataille devint à l’armée de Rhin et Moselle, la 68ème demi-brigade de ligne.

Colonels :

Alexandre Gagriel Pieuchard D’Arblay, en août 1791.

André-Julien Frayn De Maupertuis, en mars 1793.

Joseph-Louis Jolly, en mars 1793.

Portraits :

Antoine Blanpied, né le 14 juillet 1775, à Maxey-surVaize dans le département de la Meuse. Incorporé comme réquisitionnaire dans le cadre de la levée en masse durant l’hiver 1793-1794 (24 germinal an II) dans le 103ème régiment d’infanterie[10]. Il fit toutes campagnes de la Révolution de 1794 à 1803, successivement aux armées des Ardennes, de Moselle, de Rhin-et-Moselle, d’Allemagne, d’Helvétie, du Danube et du Rhin. Il se trouva durant l’hiver 1796-1797 à la défense du fort de Kehl. Membre de la Légion d’honneur (25 prairial an XII), étant en Hanovre, et caporal (6 brumaire). Il fit les campagnes de 1805 à 1807 avec le 5ème corps de la Grande Armée. En 1809 attaché au 2ème corps de l’armée d’Allemagne, il passa en Espagne où il servit jusqu’en 1810. Il fut blessé d’un coup de feu le 6 mai 1810, à Ronda, en Andalousie, et suite à cette blessure demanda sa retraite et rentra au pays. Il mourut le 30 janvier 1826, dans son village natal.

Alexandre-Camille Taponier, né à Valence dans la Drôme en février 1749. Soldat au régiment des Gardes françaises (1767). Sergent (1780), il démissionna (1789). Capitaine adjudant-major de la Garde nationale soldée de Paris, puis capitaine au 103ème d’infanterie (août 1791). Chevalier de Saint-Louis (1er janvier 1792), il servit à l’armée de Moselle entre 1792 et 1795. Adjudant-général chef de bataillon (octobre 1793), général de division (novembre), il s’empara d’Hornbach (20 novembre) et servit à la bataille de Kaiserslautern (28 au 30 novembre). Il servit à l’attaque du Geisberg (26 décembre). Il servit encore à Trippstadt (2 et 13 juillet 1794), puis au siège de Luxembourg dans l’hiver 1794-1795. Passa à l’armée de Rhin et Moselle, il commanda la 4ème division, puis la 8ème division sous Gouvion Saint-Cyr à partir de mai 1796. Il combattit à Rastadt (5 juillet), à Ettlingen (9 juillet), fut vainqueur à Cannstadt (21 juillet) servit à Neresheim (11 août). Il fut remplacé par Ambert, officiellement pour des raisons de santé, officieusement pour avoir levée des contributions arbitraires (juillet). Réformé en 1797, il se retira à Vanves mais servit à nouveau à l’armée d’Angleterre (août 1799). Il commanda la 13ème division militaire à Pontivy, puis il fut envoyé sur le Rhin. Il fut employé dans le département des Forêts (août 1800) et remis en réforme (mars 1801). Membre de la Légion d’honneur (mars 1805), en retraite (1811). Il mourut à Paris, le 14 avril 1831[11].

Article de Laurent B.

 sehri

[1] Journal Militaire de 1792.

[2] Historique du 103e d’infanterie, 1875, pages 6 et 7.

[3] Idem, p. 8.

[4] Belhomme, Histoire de l’infanterie de France.

[5] Louis Susane, Histoire de l’ancienne infanterie française.

[6] Historique du 103e d’infanterie, 1875, p. 9.

[7] Ordre de bataille de la collection Nafzinger, tiré de l’ouvrage de Chuquet sur le général Hoche.

[8] Historique du 103e d’infanterie, 1875, p. 9.

[9] Idem, p. 10.

[10] Une autre source, indique 103ème de bataille devenue 103ème régiment d’infanterie de ligne en 1803, mais ce fait semble tout à fait faux. La Base Leonore des médaillés de la Légion d’honneur n’indique que 103ème régiment, donc, soit il s’agit du 103ème de 1794, soit du 103ème de 1803 et dans ce cas l’administration ne sachant qu’indiquer n’a pas précisé la filiation, dès lors notre homme pourrait avoir servi dans l’une des unités de l’arbre de filiation du 103ème, si c’est le cas nous ne pouvons trancher.

[11] Georges Six, Dictionnaire des généraux et des amiraux de la Révolution et de l’Empire.