Frégate La Renommée

FrégateLa République française (1794-1796-1810), frégate de 36 canons en service dans la Marine française, de la classe Galathée. Elle fut construite dans les chantiers navals de Bordeaux, sa quille posée, son nom qui fut changé était alors Panthère (juillet 1793), elle fut lancée le 3 janvier 1794, puis armée (mars). Elle fut confiée au lieutenant François Pitot, croisant à partir de Brest dans l’Atlantique, rebaptisée la Renommée (mai 1795). Elle croisait dans les parages de l’île de Porto Rico, lorsqu’elle rencontra un navire inconnu (13 juin 1796), qui se révéla être le vaisseau de 74 canons Alfred. Après deux salves qui lui provoquèrent une voie d’eau, la Renommée préféra amener ses couleurs et se rendre.

Elle fut conduite à la Jamaïque, où les Britanniques l’incorporèrent dans la Royal Navy, commandée par le capitaine Robert Rolles. Le capitaine François Pitot passa en cour martiale dans l’affaire de la perte de son navire, mais il fut lavé de toute accusation et acquitté. Elle participa à la capture un transport de troupes espagnol armé de 6 canons, (6 septembre 1797), avec les frégates Diligence et Hermione. Elle captura par la suite le corsaire française de 6 canons la Triomphante (20 septembre 1798), le corsaire espagnol de 4 canons, le Neptune (février 1799), puis rejoignit le port de Portsmouth (2 août). Elle fut envoyée en Méditerranée après avoir été réarmée (janvier-mars 1800), servant dans l’escadre anglaise du blocus de l’Égypte (mars-septembre 1801).

Elle fut remise en état en Angleterre (septembre 1804-janvier 1805), transformée en frégate de 38 canons, et sous le commandement du capitaine Thomas Livingstone, elle patrouilla dans la Manche, puis fut renvoyée en Méditerranée. Durant cette période elle participa à la prise des navires français Lucy, Désirée, Paix, Deux amis, et de la canonnière n° 311. Elle captura sous les tirs du fort Callcretes, le brick espagnol Vigilante, de 18 canons, avec un équipage de 109 hommes. Dans l’assaut, le mat principal du navire espagnol fut brisé et tomba à la mer, le navire anglais dut le prendre en remorque jusqu’au port (4 avril 1806). Elle fit un raid de la même audace, en compagnie du Nautilus (au matin du 4 mai), en s’emparant de la goélette espagnole Giganta, sous le feu d’une tour de défense à Vieja.

D’autres raids furent lancés avec succès dans les eaux de Majorque, port de Colon, avec la capture d’une tartane de 4 canons, de deux navires marchands dont l’un était armé de 3 canons et qui transportaient du grain. Dans l’action la tartane s’échoua et fut incendiée par les Britanniques qui ne purent l’emmener. Lors d’une nouvelle campagne, la Renommée et le Grasshopper attaquèrent un brick espagnol et une tartane française armés chacun de 6 canons. Après un violent combat, l’appui d’une tour de défense à Estacio, les deux navires furent échoués et les tirs empêchèrent les Anglais de s’emparer des bateaux ou de les incendier (7 novembre). Elle s’empara d’une goélette américaine, l’Henrietta (12 novembre). Elle ne fit plus rien de notable, jusqu’à être démantelée en Angleterre à Deptford en septembre 1810.

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Frégate la Seine, de la Marine nationale à la Royal Navy

Frégate SeineLa Seine (1794-1798-1803), frégate de 38 canons, qui fut construite dans les chantiers navals du Havre. Sa quille fut posée (mai 1793), puis elle fut lancée (19 décembre 1793), mais ne fut armée qu’en mars 1794. Elle servit dans l’escadre française au combat de Prairial, (28 mai, 1er juin 1794). En compagnie de la frégate la Galathée, elle captura un brick anglais de 16 canons, le Hound (14 juillet), puis participa à une campagne sur les côtes norvégiennes (hiver 1794-1795), en compagnie d’une division de frégates sous le commandement de l’Hermitte, avec la Seine (capitaine l’Hermitte), la Galathée (capitaine Labutte), et la Républicaine (capitaine Le Bozec). La division fut bloquée par le mauvais temps dans un port norvégien, subissant de lourdes pertes par maladie (250 décès). Au printemps, la Seine et la Galathée rentrèrent en France, laissant la Républicaine avec les malades intransportables. Ils furent finalement recueillis par la corvette Subtile.

Partie de France en janvier 1796 avec les frégates Cocarde, Forte et Régénérée de Rochefort, pour seFrégate Seine 1 rendre aux Indes sous les ordres du contre-amiral Sercey, la division s’empara d’un baleinier britannique, le Lord Hawkesbury, mais une partie de l’équipage anglais ayant été conservé, ces derniers jetèrent le navire sur les côtes de l’Afrique, au nord du Cap, le navire fut détruit. La division atteignit l’île de France, mais appareilla bientôt sous les ordres du capitaine de vaisseau Latour, ensuite du lieutenant de vaisseau Bigot, puis du capitaine de vaisseau Marquis (juillet 1796). Le 20 septembre 1796, la frégate qui faisait partie de la division de l’amiral Sercey, participa à un combat dans le détroit de Malac, contre les vaisseaux anglais l’Arrogant et le Victorieux. Le combat fut très opiniâtre. Elle quitta l’île de France (mars 1798), selon d’autres sources revînt à cette période (6 avril 1798), dans l’île pour en repartir ensuite. Elle fit route vers la France, sous les ordres du capitaine Bigot, fortement armée de 42 canons et transportant un total de 610 personnes, dans l’idée de rallier le port de Lorient, mais elle rencontre une division de frégates anglaise au passage Breton (30 juin 1798).

frégate Vengeance 21 août 1800Elle fut poursuivie par les frégates Jason et Pique, puis entame un combat meurtrier contre les deux navires anglais. La frégate française fut bientôt recouverte de morts, avec environ 170 tués et blessés, mais dans la manœuvre du combat, les trois navires s’échouèrent à la côte. La frégate anglaise Pique étant perdue, les Britanniques transfèrent l’équipage sur la Seine qui fut capturée et réussirent à reprendre la mer puis à conduire le navire à Portsmouth. Elle fut incorporée à la Royal Navy (14 septembre), et captura bientôt le Graff Bernstoff (13 février 1799), reprit avec le Sea Gull l’Industry (18 mars). Elle participa à une campagne sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest (1800), et s’empara de la frégate française la Vengeance (20-25 août), qui venait juste d’être remise en état à Curaçao. Elle servit ensuite dans l’escadre de la Jamaïque de lord Seymour (1801-1802), puis revînt en Angleterre où elle fut remise en état à Chatham (juin/juillet 1803). Elle s’échoua finalement sur un banc de sable près du Texel (21 juillet 1803), et malgré les efforts de l’équipage, elle ne put être désensablée, elle fut incendiée et détruite. Une cour martiale jugea les officiers et l’équipage (4 août), qui innocenta le capitaine Milne et la plupart des hommes, sauf les pilotins qui furent condamnés à deux ans de salaire d’amende, et à une peine de prison égale.

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La Muiron, la frégate du retour d’Egypte

La MuironLa Muiron (1797-1850), frégate de 44 canons de la Marine française, elle fut construite à Venise. Longue de 44,5 mètres, large de 11,5 mètres, creux au milieu de 6,2 mètres, armée de 28 canons de 18 livres, plus au gaillard arrière, 12 canons de 6 livres, et au gaillard d’avant, 4 canons de 6 livres non comptabilisés. Sa construction fut lancée dès 1789, mais elle fut probablement interrompue par les événements internationaux. Lorsque Bonaparte s’empara de la ville (15 novembre 1796), elle se trouvait en construction dans l’arsenal. C’est l’ingénieur français Pierre-Alexandre Forfait qui prit la direction du chantier, et termina le bâtiment (1797). Le navire fut baptisé du nom de l’aide de camp de Bonaparte qui s’était jeté sur son général au pont d’Arcole, lui sauvant certainement la vie mais y laissant la sienne. Il fut armé par les Français pour renforcer la flotte française rassemblée pour l’expédition en Orient.

Elle participa à l’expédition d’Égypte (mai 1798), c’est elle qui ramena Bonaparte et une partie de sonLa Murion 2 État-major en France (accompagnée d’autres navires), dont la frégate Carrère et deux chébecs. La petite division était commandée par l’amiral Ganteaume et il parvînt à conduire son monde à bon port dans la rade de Fréjus (fin 1799). Acclamé à son retour, la frégate fut conduite dans le port de Toulon, l’inscription suivante fut gravée sur sa coque : « La Muiron, prise en 1797 dans l’arsenal de Venise par le conquérant de l’Italie, elle ramena d’Égypte en 1799, le sauveur de la France ».

Elle se trouvait à la bataille d’Algésiras le 6 juillet 1801. Le Premier consul écrivit plus tard son souhait de conserver le navire comme un monument, et mémoire de son retour salutaire. Cependant, elle fut finalement utilisé comme ponton dans le port de Toulon (1807), et fut démantelée en 1850. Napoléon avait ordonné de faire réaliser une maquette du navire (1803), qui fut placée dans son cabinet de travail de la Malmaison (juillet 1805). Le général Gourgaud la fit racheter ainsi que d’autres biens lors de la liquidation du mobilier du château (1815), puis le modèle réduit fut acquis par le Musée de la Marine à Paris, où il se trouve encore.

La Muiron 3

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L’Achille, un vaisseau de ligne de la marine

AchilleAchille, (1803-1805), vaisseau de ligne de 74 canons qui fut construit à Rochefort en 1803, armé en 1804. Longueur de 55,87 mètres, largeur de 14,90 mètres, creux au milieu de 7,26 mètres, déplacement de 2 899,9 tonnes. Il était armé d’une première batterie forte de 28 canons de 36 livres, d’une seconde batterie de 30 canons de 18 livres. Son gaillard était armé de 16 canons de 8 livres, plus 4 obusiers ou caronades de 36 non comptés. Surface de voilure de 2 485 mètres, hauteur des batteries à 1,75 mètre, équipage de 562 officiers et marins. Il quitta Rochefort aux côtés de L’Algésiras sous les ordres de l’amiral Magon pour rallier l’escadre de Villeneuve aux Antilles (mai 1805), sous le commandement du capitaine de vaisseau Louis-Gabriel Deniéport. Il la rejoignit effectivement (4 juin 1805), mais Villeneuve qui aurait dû forcer le blocus de Brest bloquée par l’escadre navale de l’amiral Cornwallis décida de se rendre à Cadix. Il servit à l’arrière-garde de l’escadre lors de la bataille du cap Finisterre, puis à l’avant-garde de la division Magon, lors de la sortie de Cadix (19 octobre). Sa vigie repéra la flotte de l’amiral Nelson (20 octobre), et il participa à la bataille de Trafalgar (21 octobre), où il combattit glorieusement. Il fut attaqué par les vaisseaux anglais, le Polyphème, le Défiance, et le Swifsure, et perdit 499 hommes d’équipage et son capitaine. Il fut coulé après explosion. Une autre source indique qu’après 4 heures de combat, tous les officiers étant hors de combat mis à part l’enseigne de vaisseau Cauchard, le feu prit au mât de misaine, l’équipage tenta de l’abattre pour le faire tomber à la mer, mais il s’effondra sur le pont communiquant le feu à la Sainte-Barbe, le navire explosa et coula avec 485 marins. Seulement 144 survivants furent recueillis par les Anglais après la bataille.

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Louis-Gabriel Deniéport, naquit à Dieppe, le 14 avril 1765, fils d’aubergiste, ayant pour parrain et marraine, Nicolas Boiloy négociant, et la veuve de Michel Martel, également négociante. Il fit des études chez les Oratoriens, mais s’enrôla à bord d’un premier vaisseau corsaire (1779), faisant de nombreuses campagnes durant la guerre d’indépendance d’Amérique (1779-1783), d’abord novice, puis matelot, aide-pilote, enseigne de vaisseau (9 juin 1794), commandant de la corvette La Brune (15 novembre), il se rendit sous Martin à Toulon, combattant par la suite à la bataille de Gênes (14 mars 1795), La Brune parvint à prendre en remorque le vaisseau de ligne Timoléon et à le dégager d’une fin certaine contre trois vaisseaux anglais, lieutenant de vaisseau (10 avril 1796), il fit une longue campagne dans les mers du Levant, capitaine de frégate (3 mai 1797), capitaine de vaisseau provisoire (23 octobre 1798), il reçut le commandement du Leander, vaisseau britannique qui venait d’être capturé par les Français. Il fut envoyé avec lui devant Corfou, menacé par les Turcs et les Russes, avec un faible équipage composé de marins grecs et vénitiens. Assailli par une escadre ennemie, son navire fut envoyé par le fond après une belle résistance et il fut fait prisonnier. Bientôt échangé, il demanda un congé et semble au repos et disponible pendant une période, avant d’être nommé au commandement de la frégate La Badine (1803), avec qui il effectua une croisière jusqu’en Martinique, confirmé capitaine de vaisseau (1804), il prit le commandement du vaisseau de ligne l’Achille, et trouva une mort héroïque à Trafalgar (21 octobre), d’abord blessé à la cuisse, il resta à son poste, mais fut bientôt tué sur son gaillard. Tous les officiers qui le remplacèrent furent successivement mis hors de combat, jusqu’à l’enseigne de vaisseau Cauchard.

Note de Laurent Brayard, photos de l’auteur musée de la Marine à Paris

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